Présentation

Ma pratique artistique des arts visuels porte sur le thème des frontières du corps.

Ce sujet répond à mon intérêt pour le corps et pour l’anthropologie, le corps en tant qu’objet tridimensionnel, en tant que membrane plastique, caisse de résonance avec le milieu et l’anthropologie en tant que discipline qui envisage une diversité de liens au monde, de rapports à l’autre et qui observe les mutations de notre humanité.

Avec la conversion numérique, engagée depuis 30 ans, je me suis concentrée plus précisément sur la notion de « l’entre » sachant que le réagencement du monde physique dans l’espace numérique bouge les lignes, les espacements et la nature des liens.

En offrant cette échappée possible à travers tout écran, la modélisation numérique du monde   conditionne une posture bancale d’un entre-deux, établie sur cet aller-retour permanent entre un espace physique varié, espacé, mais limité et un espace numérique standard, normalisé mais illimité.

Cette sorte de distorsion conduit à une instabilité-stable qui contribuerait à révéler, à produire une « humanité de l’entre » interférant sur les repères, les rapports humains où les frontières du corps se renégocient.

En suivant le fil conducteur du thème des frontières du corps, mes créations visuelles successives témoignent de ce rapide glissement. La spatialité numérique contraint « l’entre » et en ce sens cet espace s’avère devenir une dimension essentielle pour préserver la diversité culturelle et politique.

Aujourd’hui, je considère cette notion aussi importante que le jeu dans les rouages, que la respiration, le suspens, l’imprévu, l’attirance et son contraire, l’élasticité, la coexistence, la pluralité.