RENVERSEMENT DE L’ESPACE NUMÉRIQUE ET DE SA LECTURE

Images fuyantes

Depuis deux décennies que nous « naviguons » dans l’espace numérique, j’ai désormais envie de me soustraire à son organisation systématique pour y déployer de nouveaux champs de vision. Cette nécessité s’est faite ressentir, comme si, sans décantation, le recouvrement permanent des données, par la production continue, essoufflait le temps et aplatissait l’espace, fruit d’une immanence absolue.

Plonger dans l’espace numérique, traverser sa surface étanche, circuler dans sa substance lactée sans horizon, sans point de fuite, créer des images fuyantes chaotiques. Exploser sa nomenclature.

Cheminées

Depuis des siècles, notre regard a été éduqué par le cadrage des tableaux. Fenêtres ouvertes sur le monde, elles restent le procédé visuel traditionnel de nos représentations. Frontales, elles répondent au besoin d’une confrontation physique et mentale au monde, faisant référence à l’axe vertical du corps.

Cheminée propose une vision renversée des cadres, afin de sortir de l’instantané pour redonner de la profondeur, de la hauteur, de l’épaisseur à l’espace et de la durée au temps. Cette création bouscule la perspective et donc amène le regard et le corps à circuler, à se mouvoir à travers une superposition d’images.

Cette création est une réaction au fait que la stratification rend invisible l’en-dessous. Cette mise en scène d’un carottage de temps, possible en trois dimensions, engage le mouvement du corps au-delà du regard. Ce redéploiement travaille l’écart entre les modes de représentation possibles entre l’espace physique et numérique. Il souligne combien l’aplatissement du monde numérisé écrase le temps dans un présentisme et un immanentisme réducteur.