Entre le potentiel et l’effectif

Si le manque de vide, d’air dans la configuration systématique de l’espace numérique à travers l’écran m’a conduite à le renverser, le mode relationnel des réseaux sociaux à travers les écrans m’incite à réinvestir les hors-champs. L’humanisme numérique est en chantier, ce qui me conduit à faire une investigation, auprès de 8 personnes, sur la nature des continuités et de l’étendue entre l’espace physique et l’espace numérique.  

Têtes

La tête en ronde-bosse est un mode de représentation qui appartient à l’histoire de l’art mémoriel basée sur la ressemblance. Elle regroupe une multitude de détails pour aboutir à une singularité qui fait qu’une tête ne ressemble qu’à elle même. La figuration du visage en ronde-bosse comprend la face et le profil. Elle appartient à l’espace-temps de l’espace physique, de l’ici et maintenant inscrit dans la ligne du temps linéaire.

Profils numériques

Le profil numérique résulte de calculs produits par des modèles algorithmiques élaborés à partir de traces numériques, sorte de doublon d’un comportementalisme numérique d’un individu. S’il est une représentation, il ne renvoie pas à ce que nous sommes mais à ce que nous sommes potentiellement, de façon probabiliste.
Il ne s’inscrit pas dans un présent mais dans le futur puisqu’il précède nos désirs, nos choix et nos actions de façon prédictible. La fonction du profil est de raccourcir le temps de l’évaluation de ce qui nous convient ou pas, le temps du choix, le temps de l’incertitude.

Le profil numérique appartient à l’espace-temps numérique où l’absence du corps supprime les repères fondateurs. Simultanéité, imbrication, corrélation, superposition reflètent les modes de réagencement numérique de l’espace physique.
La ressemblance physique n’est pas l’objet du profil numérique, ce qui le distingue de la reconnaissance faciale biométrique établie en fonction de caractéristiques biologiques.

Regards

Le corps et le regard ne sont pas nécessairement sur la même ligne d’échange et de rencontre. Le regard, porte des émotions, de la disponibilité, de l’évasion ou de l’opposition, il peut être aussi la porte du vide. Mais le regard ubiquiste, reflet du partout et nulle part est celui qui résulte du désir d’ubiquité nourri par l’écran et inondant le corps et l’esprit. Il illustre la dissociation.